Je tente désespérément de rassurer une jeune génisse mettant au monde son premier veau. Le travail a débuté peu de temps avant l'aube. Après l'avoir veillé jusqu'au premier rayons de soleil, j'ai décidé qu'il fallait l'aider. J'aime quand les choses se font naturellement mais parfois, pour le bien des animaux, l'homme doit intervenir. J'ai que peu d'espoir que le petit soit encore en vie mais il doit sortir au plus vite, le contraire tuerai la mère. Totalement concentré dans ma manipulation délicate de vêlage, je commence à entendre une voix se diriger vers moi.
« Monsieur Bandry ... votre père .. il souhaite vous voir. »
Je ne supporte pas lorsque notre martha me nomme de la sorte. Monsieur Bandry, c'est mon père et ce n'est pas peine de lui avoir déjà fait la remarque à de nombreuses reprises. Je lui réponds succinctement en hochant la tête. Qu'importe ce que mon père a à me dire, cela attendra, j'ai un veau à faire naître et il est presque sorti. Comme je le pressentais, le petit est mort né, c'est souvent ce qui complique les naissances de la sorte même si parfois il peut y avoir de l'espoir. Je préfère séparer rapidement le veau de sa mère, et une fois ceci terminé, je jette un dernier coup d’œil rapide afin de voir si elle reprend bien ses esprits et qu'il n'y ai aucunes complications. Je me dirige ensuite vers la maison, que peut-il bien avoir à me dire pour me faire venir de la sorte. Mon père m'attends dans son bureau. A peine ais-je franchi le seuil de la porte, qu'il m'interpelle.
« Mon fils, nous devons avoir une conversation importante. J'ai pris quelques décisions pour toi que je dois te faire part. »
Ma gorge se sert à l'écoute de cette phrase. Comment ca .. il a pris des décisions pour moi ? A ma place ? Il ne va pas me ressortir cette histoire de mariage encore ?Je dois m'asseoir, je sens que ce qui va suivre ne va pas me plaire et que mes jambes risquent de ne pas supporter le choc.
« Ce soir, nous recevrons la famille Ward avec la fille Grace. Tâche d'être présentable et d'être un hôte digne de ce nom. C'est une soirée importante alors tu n'as pas intérêt à tout gâcher. »
Qu'est-ce qu'il me prépare ... je sens une angoisse monter en moi, il l'a fait ? Aucuns sons n'arrive à sortir, je reste là, planter là, bouche bée.
“Heureux les croyants, mais je préfère mon angoisse et ses yeux grands ouverts.”
Pando
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A l'aube d'une nouvelle vie - ft Grace Ward
par Auteur le Lun 11 Mar - 20:39
À l’aube d’une nouvelle vie« Grace ? Tu es sûre de ne pas vouloir manger encore un peu ? »
Je secouais doucement la tête en fixant le regard vide mon assiette encore pleine. Ou presque je m’étais forcée à manger quelques bouchées. Ce qu’on m’avait annoncé il y a quelques jours me nouait l’estomac. Fiancée. Ce mot me mettait le cœur au bord des lèvres. Nany avait tout essayé pour me faire retrouver l’appétit. Tout. Mais je n’arrivais pas à manger. Même les pommes. Alors que j’adorais les pommes, vraiment. Un quartier ou deux. Mais rien ne passait. La Tante était venue, je ne me souvenais pas de l’entretien. J’avais peur. Nany avait passé des heures avec moi contre elle à me caresser les cheveux et en me berçant. Je n’avais même pas vraiment réussis à expliquer à Gethin… Je m’étais renfermée sur moi-même. Nany me prit la main, j’avais dit que Nany pouvait me toucher, parce que Nany… elle sentait bon le pain tout chaud. Nany me mena à ma chambre, c’était bientôt l’heure. Je pris sagement mon bain avant d’enfiler une robe toute blanche, des collants blancs, mes petites chaussures blanches pendant que Nany me coiffait doucement avant de natter mes cheveux et de les remonter en chignon. C’était l’heure. Nany posa ses mains sur mes joues et me regarda dans les yeux.
« Grace… Mon petit ange, relève la tête, sois fière. Hein ? Ça va aller mon petit ange. »
Elle me sourit et je pris doucement ses poignets entre mes doigts fins et elle me sourit avant de me poser une question.
« Pourquoi la neige est blanche ? - Parce que si elle était rouge je ne pourrais pas me cacher dedans. »
Le choc a été assez intense, mon père me regarde fixement, attendant de ma part une quelconque réaction mais tout ce qu'il finit par voir c'est mon corps sans expression quitter la pièce. Je le voyais venir ce coup là ! Je savais qu'il me préparait ca en douce mais j'aurai apprécié que ce moment n'arrive pas aussi tôt. Après, tout moment aurait été trop tôt mais j'aurai dû être plus attentif à d'éventuels signes précurseurs. Les Ward ? Je connais Gethin, le gardien, il m'arrive d'échanger avec lui quelques conversations ... singulières mais le reste de la famille, il ne me semble pas les avoir déjà vu. Ma liberté chérie commence doucement à me glisser entre les doigts. Cela me frustre au plus haut point surtout que je ne connais pas la demoiselle en question. Comment est-elle ? Allez savoir, elle est peut être moche ? Je vais pas dire que le physique est important mais .. un peu quand même. Je reste plombé derrière la porte du bureau de mon père, je devrais peut être bouger quand même. Je finis par me diriger vers ma chambre, j'ai besoin de me poser. Allongé sur mon lit, je reste les yeux fixés vers le plafond, je dois réaliser la nouvelle, elle est assez dur à digérer. Après quelques minutes comme ca, je me décide enfin à me préparer, mon père m'a clairement balancé que je devais faire bonne impression, alors je me dois d'être un minimum propre sur moi. Après avoir effectué un vêlage, une bonne douche s'impose puis je choisis ce que j'ai de plus correct dans ma penderie. En attendant l'heure fatidique, je décide de rester assis sur le bord de mon lit jusqu'à ce que ma mère vienne frapper à ma porte.
« Sage, j'imagine que tu ne t'attendais pas à cela mais ... ton père t'a trouvé un bon parti, tu vas voir. »
Je la regarde dans les yeux, mais je ne dis rien. Qu'est-ce que je pourrai bien répondre à ca en plus.
« La famille Ward va bientôt arriver, vient les accueillir correctement, s'il te plait. »
« Oui mère, je vous suis. »
Tel un bon fils à papa maman, je la suis sans broncher jusqu'au hall d'entrée. La servante ouvre la porte et tout ce que je trouve à faire c'est de jeter mon regard vers le sol tout en balançant les convenances habituelles. Je n'ose pas relever le regard, tout ce que je voies pour le moment de cette fameuse Grace, ce sont ses jambes. Je constate rapidement qu'elles sont plutôt jolies, ce qui enclenche une certaine curiosité, m’incitant finalement à lever les yeux. Ces derniers se mettent à croiser ceux d'une jeune femme aussi pâle que de la neige pure. Grace soutient mon regard fortement et je sens ma gorge se nouer. Elle reste là, me regarde et je me doute bien qu'il va me falloir le courage de l'aborder en premier. Qu'est-ce que je peux bien lui dire ?
« Béni soit le fruit. Avez-vous fait bonne route ? »
Je ne pouvais pas être plus basique en terme de début de conversation. Je me dois de me ressaisir, elle va finir par croire que je suis dépourvu d'appendice à rester abruti de la sorte.
“Heureux les croyants, mais je préfère mon angoisse et ses yeux grands ouverts.”
Pando
Invité
may the lord open
A l'aube d'une nouvelle vie - ft Grace Ward
par Auteur le Lun 18 Mar - 12:35
Je repensais à la discussion avec Joe dans le petit Salon. Les images me revenaient avec une précision diabolique. Je soutenais toujours le regard de Sage. Jouer un rôle. Être celle qu’on me demande d’être pour garder à l’intérieur mon vrai moi et ne le laisser ressortir que quand j’étais toute seule. Pour ma sécurité. Je l’avais bien compris, mais il y avait des jours où c’était véritablement compliqué et difficile. Aujourd’hui en particulier. Je faisais vraiment de mon mieux pour courber, comme j’avais menti droit dans les yeux avec d’autres Tantes et des Marthas… Il fallait que je tienne jusqu’à ce que je puisse aller peindre m’exprimer sans parler. J’attendais qu’on me parle. Sage le fit, je baissais enfin les yeux, comme il se le devait, avant de répondre.
« Que le seigneur ouvre. Excellent je vous remercie. C’est un plaisir de vous rencontrer. »
Monsieur Brandy ? La bonne blague. On nous invita à aller dans le salon et je regardai autour de moi avec beaucoup d’attention. C’était joli ici aussi. Je notais que mon père parlait de notre futur logement. Visiblement : nous aurions le nôtre, histoire d’avoir un peu plus d’intimité. Heureusement d’ailleurs. Il fallait déjà que je change mes habitudes… si en plus j’avais la belle famille sur le dos. J’espérais qu’il y ait une pièce où je pourrais peindre avec une jolie lumière… Tout ça. C’était hors de question que je m’arrête de peindre. Clairement. J’observais à nouveau Sage avec attention avant de regarder par la fenêtre. Cette ambiance me pesait lourdement. Je m’assis près de ma mère, en face de Sage. C’était aussi simple que ça. Les pères et les mères discutaient entre eux et nous on restait planté l’un en face de l’autre comme deux patates. Et je n’avais aucune envie de tenter de faire une conversation. De toute manière ce n’était pas véritablement à moi de parler, et si les parents de Sage pouvaient me trouver inadaptée, encore ?! , à leur fils et dire finalement « non » aux fiançailles… Je ne dirais pas non à éviter cette situation. Rien que d’imaginer… Je réprimais un frisson.
Je remerciai une Martha quand elle déposa un plateau de petites canapé sur la table du salon. D’accord. Je n’étais pas prête d’en manger vraiment… À part pour faire bonne figure : j’avais le ventre noué… Pourquoi Gethin n’était pas là… Je voulais Gethin… Avec lui j’aurais été plus sereine ! Mais non, j’étais toute seule… Je gardais mes mains sur mes genoux, mon regard voletait dans tous les sens sans savoir quoi ou qui regarder. C’était mieux comme ça.
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