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 La métaphysique des mœurs ┼ Grace
under his eye

 :: Aberdeen :: Quartier Blanc :: Résidence Ward

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La métaphysique des mœurs ┼ Grace
par Auteur le Sam 16 Mar - 11:49
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"La vérité est en nous, elle ne vient point du dehors."
Robert Browning

Indéniablement, la vie à Aberdeen n’offrait pas de réelle distraction si l’ont ne se forçait pas à avoir une vie sociale. En tant qu’homme, Joe se devait d’être toujours présent dans les discussions autour de lui, adapter un air stoïque ou amusé selon les sujets, et se tenir prêt à parler avidement de Dieu ou des nouveaux nés qui osaient voir le monde en ces jours peu propices. Peut-être étais ce sa personnalité, ou son statut de professeur, mais Joe avait constamment plein de monde qui venait lui parler, lui poser des questions, et essayer de débattre. Enfin. Appeler ces échanges ‘débat’ est un bien grand mot. Car toutes les réponses aux questions ont été imposées, et le challenge intellectuel est bel et bien mort avec le monde d’antan. Parfois pourtant, une petite lueur d’espoir semble encore briller. Si douce, si discrète. Une lumière comme celle de fille du Commandant : Grace.  D’après ce qu’il avait cru comprendre, la petite dernière de la famille Ward était une ingénue rêveuse qui avait tendance à ne pas se fondre dans le décor. La pauvre petite allait sûrement finir mariée et devait apprendre à devenir une vrai femme digne de Gilead, standard ridiculement difficile à atteindre, pour n’importe qui. Joe avait déjà croisé Grace dans la ville, et savait très bien qui elle était. D’ailleurs, elle était déjà venue lui poser quelques questions, parlant si vite qu’il était presque impossible d’y répondre dans un laps de temps réaliste. Elle semblait si vive, si créative, et surtout si curieuse. Pour Joe, c’était la preuve que les voix les plus pures ne peuvent être entièrement étouffées, et que si une fille de commandant osait se poser des questions, elle n’était sûrement pas la seule. Il vivait pour ce genre de personnes : les rêveurs, les décalés qui refusent de se fondre dans un moule trop étroit. Alors, il ne fut pas étonné que le père de Grace, après de longues discussions entre hommes, lui suggère d’avoir un échange avec sa fille. Curieux de savoir ce que l’influence de quelqu’un comme Joe pourrait avoir sur elle, le paternel Ward l’avait invité à passer par chez eux, afin que Grace soit mise devant le fait accompli.

Quelque peu nerveux, Joe avait pourtant immédiatement accepté, assurant au Commandant que ce serait un honneur pour lui d’apprendre à sa fille tout ce qu’elle devait savoir pour qu’il soit fier d’elle. Pas besoin de livres : lui qui avait passé des années à répéter les mêmes cours dans des amphithéâtres,  même en zappant tous les passages interdits, il lui resterait toujours bien des choses à dire. D’ailleurs, les règles à suivre pour une femme étaient simples. Stupides, mais simples. Et Grace les connaissait déjà, il n’en doutait pas une seule minute. Mais les Leaders de Aberdeen semblent avoir complètement oubliés que les femmes aussi ont de l’esprit. Peut-être même qu’ils ne l’ont jamais décelé. Alors, que pouvait il faire, à part accepter d’essayer de modeler la jeune femme comme le désirait son père…

Réveillé très tôt, Joe passa sa matinée à discuter avec sa femme d’une manière tolérable de gérer cette rencontre, qui serait officiellement la première, mais officieusement… la deuxième. Comment aider Grace à être perçue différemment, tout en enseignant ce qu’il était censé enseigner. Comment se faire bien voir par le père, et par la fille. Comment en dire beaucoup, sans en dire trop. Comment savoir s’il n’allait pas trop loin. Comment, comment, comment. Ce mot résonnait toujours en lui lorsqu’il se mit en route, l’obsédant jusqu’à la grande bâtisse du Quartier Blanc.

Joe s’arrêta quelques instants devant l’insigne des Gardiens de la foi, le temps qu’on vienne lui ouvrir et qu’on l’escorte jusqu’à l’intérieur. Après quelques paroles échangées avec les différentes personnes présentes dans la maison, on lui ordonna d’attendre dans un grand salon. Pendant quelques instants, le silence prit place, alors que Joe observait cette demeure un peu trop luxueuse, un peu trop grande, et qui aurait pu être vue comme un affront à la misère de ceux qui n’était pas aussi bien placés dans la société. Certaines choses ne changeront jamais. Les riches… les pauvres… il valait mieux s’empêcher d’y penser. Ses yeux décidèrent donc de se promener au plafond, avec les araignées, là ou il n’y aurait pas de signe d’opulence pour le faire soupirer intérieurement. Quelques bruits ménagers se faisaient entendre, et Joe se demandait s'ils allaient devoir faire sa 'leçon' ici, au milieu du passage, avec tout le monde qui risque de venir les écouter. Une chose est sûre: ce n'est pas un lieu favorable à la concentration. Mais ce n'était pas à lui d'en décider. Il ne lui restait plus qu'a attendre patiemment son élève, en espérant qu'elle serait plutôt heureuse de le voir, et qu'elle n'allait pas se sentir piégée par son père. Il ne savait que trop bien ce que c'était d'avoir eu une figure autoritaire qui décidait de tout dans sa vie, et la dernière chose qu'il voulait, c'était d'être assimilé à.. ça.

Allons petite Grace, petite lumière, ou es-tu ?
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La métaphysique des mœurs ┼ Grace
par Auteur le Sam 16 Mar - 13:08
La métaphysique des mœurs Après les Tantes, c’était un professeur. Mais pas n’importe lequel : Joe Byrne. Pour lui avoir déjà parlé, j’étais plus que ravie de pouvoir discuter avec lui même si c’était sur la religion. J’avais demandé à mon père où nous nous installerions pour discuter et qu’il me lise des passages de la bible. Alors que je lui avais posé beaucoup d’autres questions. Il l’ignorait bien sûr et après m’avoir regardé longuement et hésité, il avait proposé que ça soit dans l’un des petits salons. Pas dans ma pièce, bien sûr. Il n’avait pas envie que toute la ville sache que je peigne et de pouvoir me surveiller un peu. Le petit salon était un peu à l’écart des pièces de vie, nous y serions tranquille, mais quand même. J’avais hâte de pouvoir discuter avec lui. Même si j’allais devoir me surveiller pour ne pas partir trop loin.

Je pris le temps de cuisiner des petits gâteaux pour l’heure que nous allions passer ensemble et je préparais même le petit salon pour nous. J’avais hâte. Et c’était sûrement bien la première fois que je souriais autant. J’aimais beaucoup ce professeur nous avions vraiment pu discuter rien qu’un peu, pas beaucoup parce que nous n’avions pas le temps… Mais j’avais aimé quelques-unes des réponses qu’il avait eu le temps de me donner. Dommage : j’en avais encore beaucoup. Quand Nany m’annonça qu’il était là, je me forçais à rester calme et à descendre gentiment au salon, je m’obligeais à respecter les codes. C’était difficile quand même. J’ouvris la porte et souris au professeur.

« Bénit soit le fruit professeur. On nous a laissé un petit salon par là-bas, le thé et les gâteaux nous attentent. Si vous voulez bien venir s’il vous plaît. »

Je lui souris gentiment et l’invitais à me suivre d’un geste de la main. Je lui montrais le chemin et l’invitai à s’asseoir avant de lui servir le thé et après avoir fermé la porte derrière lui. Je faisais en sorte de montrer que j’avais retenu les leçons de Tante Iliana, je m’assis en face du professeur et le sondais un petit instant du regard avant de me servir une tasse de thé. C’était bien à lui de commencer à parler, je voulais que mes questions soient en lien avec ce qu’il avait dit. Même si je n’étais pas sûre de pouvoir rester dans ce sujet. Nous verrons bien ! Je me demandais s'il avait des réponses sur les questions d'avant.

« Je vous écoute. »
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par Auteur le Sam 16 Mar - 16:01
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La jeune femme aux longs cheveux blonds fit son entrée, extrêmement propre sur elle, telle une poupée de porcelaine qu’on aurait laissé en décoration derrière une étagère vitrée. Après une belle performance de courtoisie des deux côtés, Joe fut rassuré d’apprendre qu’ils allaient pouvoir être tranquilles dans un petit salon, et ne se fit pas prier pour accompagner sa nouvelle élève.

- Que le Seigneur Ouvre.

Quelques pas plus tard, Joe se retrouva en face de Grace, qui semblait vouloir garder sa posture de femme bien éduquée, servant le thé telle une digne femme, ou plutôt fille, de Commandant. Il la regarda faire, car c’était la marche à suivre. Mais c’était clair que ni lui ni elle n’étaient vraiment fait pour ce genre de pause silencieuse et surjouée. Le silence de la pièce fut rapidement estompé par le bruit des petites cuillères et des tasses de thé. Ca y’est, il était là. Il avait tant parlé de ce moment avec sa femme, révisant de son côté toutes les choses à ne pas dire, que cela semblait irréel. Joe ne pu s’empêcher d’esquisser un sourire en entendant les dernières paroles de Grace. « Je vous écoute. » Oh comme il aurait rêvé d’entendre ces paroles là plus souvent lorsqu’il était professeur à l’Université. Jadis, il se serait levé et aurait fait un petit discours sur Kant qui disait que la morale conduit immanquablement à la religion. Mais il ne pouvait pas se permettre de citer un auteur qui, au fond, estimait que l’existence de Dieu ne peut être prouvée, et que la religion n’était qu’une hypothèse moralement nécessaire, une façon de réguler le bien et le mal. Toutefois, il pouvait s’en inspirer. Il fallait constamment se rappeler que dorénavant, tout le monde avait la foi. Discuter de religion ne voulait plus dire convaincre de l’existence de Dieu mais bel et bien réciter,  prêcher, et justifier les horreurs faites au nom des fils de Jacob.

Joe hésitait à se relancer directement dans la petite discussion qu’ils avaient eue il y a quelques temps. Grace avait l’art d’aborder des sujets délicats, comme les servantes. Dieu merci elle avait échappé à ce sort, ou elle aurait comprit bien vite que ce rôle n’avait rien de divin. Il s’en était sortit en répondant à ses questions par d’autres questions du type : qu’est ce que toi tu en penses ? Approche plus proche du psychologue, certes. Mais c’était extrêmement difficile pour Joe de garder ses opinions personnelles en dehors de son enseignement. Il avait donc essayé de trouver une parade. Mais là, il était coincé. Il était dans une famille qui ne lui pardonnerait pas une référence inutile. C’était après tout, le problème de beaucoup de monde avec l’éducation. Le fait de n’apprendre que d’informations extérieures, sans jamais avoir à réfléchir par eux mêmes. Alors d’être là, en face de quelqu’un qui ne demandait que ça, c’était un moment rare et précieux qu’il n’oublierait pas. Ce qui manquait à la croyance dogmatique pure et dure, c’était une once de spiritualité. Croire en quelque chose, oui, mais pas pour rien. Et si Joe pouvait se servir de la religion pour égayer un peu le quotidien de Grace, il ne se gênerait pas pour le faire.


- Et bien avant toute chose, est-ce que tu t’es déjà demandée pourquoi nous devons comprendre et appliquer les enseignements de Dieu ? Pourquoi c’est si important ?

Oh il savait bien que ce n’était pas ce qu’elle voulait entendre. Un énième blabla qu’elle avait entendu mille fois à l’église. Mais Joe avait l’habitude de parler de tout, quelque soit l’âge ou l’envie de la personne. Et il comptait bien essayer de l’intéresser et de trouver un angle un peu, disons, différent.

- Tu vois les enseignements religieux sont comme une carte du monde, une méthode de vie  harmonieuse qui nous montre comment nous comporter pour être du côté de l’ordre, et non pas du chaos.  Dieu est une part de nous tous. Nous devons respecter l’équilibre qu’il a créé et comprendre que rien n’arrive par hasard.

Joe se dégoutait lui même à dire des choses pareilles. Il avait l’impression d’être devenu son père. Mais il se devait de continuer, n’étant pas encore tout à fait sûr que personne ne soit caché quelque part à les écouter. Difficile de savoir si on lui faisait confiance à ce point là.

- Il est dit dans les Colossiens : Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. Les servantes sont bénies parce qu’elles ont la capacité de porter la vie en elle. C’est pour cela qu’elles appartiennent à Gilead : elles sont une part de nous tous, comme notre Créateur.

Il essayait de répondre aux questions qu’elle lui avait posé discrètement, en prétextant faire un petit discours sur Dieu et les valeurs de la société. Tout le monde avait été traumatisé par les suicides récents, sans compter les nombreuses exécutions. Alors pour quelqu’un comme Grace, si jeune, si protégée de la dure réalité des choses, cela avait du être un choc encore plus fort. Alors, pas étonnant qu’elle s’inquiète du sort de ces femmes. Elle est en âge de comprendre qu’elle aurait pu être de l’autre côté du miroir. Regardant sa petite tasse de thé adorable, Joe réalisa que ce service ressemblait à celui qu’il avait enfant, chez lui. Un service à thé en plusieurs pièces qui avait sûrement appartenu à sa mère. Whatever. Il chassa rapidement cette pensée pour se re-concentrer sur le présent.

- Mais tu ne devrais pas te soucier de ces choses, tu devrais profiter de ta jeunesse et…

Il allait dire qu’il fallait qu’elle s’amuse. Qu’elle fasse un peu la fête. Mais ça ne marchait pas vraiment dans ce cadre. Foutue vie. Qu’est ce qu’on pouvait bien promettre à la jeunesse actuelle, à part se marier, ou travailler…

- Hum. Tu as des questions ?

Bien rattrapé. Joe s’empressa de boire un peu de thé pour bien montrer qu’il n’avait rien d’autre à ajouter pour l’instant. Mais il regretta rapidement sa décision, car la peur qu’elle ne pose des questions trop indiscrètes ou déplacées prit vite le dessus !
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par Auteur le Sam 16 Mar - 17:22
La métaphysique des mœursLe problème étant que si on commençait à me parler d’un sujet, je voulais toujours creuser plus loin. Mais je n’étais pas sûre d’être toujours dans les clous. Je ne faisais pas exprès, mais je voulais toujours comprendre. J’avais besoin de comprendre et de savoir. Je sondais du regard le professeur avec impatience. Oui, pour une fois j’avais envie d’écouter quelqu’un avec attention, je voulais tout savoir… Il pouvait bien m’apprendre quelque chose non ? J’avais besoin d’apprendre. C’était l’un des rares moments où j’avais l’impression qu’on m’écoutait un peu… Rien qu’un peu. J’avais l’impression qu’il réfléchissait un peu. Je lui faisais peur ? Ou il ne savait pas quoi me dire ? Les deux pouvaient fonctionner sans doute. Après tout c’était un professeur. Je hochais la tête avant de prendre doucement la parole.

« Oui, pour éviter le chaos d’avant. Du moins, c’est ce qu’on m’a dit. »

Pour ma part, même actuellement c’était le chaos. Mais surtout dans ma tête. Même si j’avais entendu bien des choses sur les suicides, les morts, tout ça. C’était qu’il y avait aussi quelque chose qui n’allait pas dans ce monde. Sinon cela ne se passerait pas comme ça. J’en étais sûre. Je fronçais les sourcils en l’écoutant parler. Oui, je savais ça, une carte tout ça… Mais ça ne me convenait pas, il y avait quelque chose d’étrange. Pareil pour les servantes, quelque chose n’allait pas. Mais j’écoutais sagement. Il commença à dire une phrase qui me fit hausser un sourcil curieux. Des questions ? Oui. Je souris légèrement.

« J’ai toujours des questions. Dieu est censé être un être omniprésent capable de tout. Nous sommes d’accord ? Alors, pourquoi il ne détruit pas de diable et ses tentations ? Après tout, le diable et ce genre de choses n’étaient que des créatures qu’il a cré. Donc : pourquoi ils existent encore ? Si dieu est capable de tout : il devrait pouvoir détruire le mal. Et pour les Servantes, je ne comprends pas. Elles sont, visiblement, bénies par dieux. Hors : je sais de sources sûres que certaines meurent en couche ou se suicide. De plus au Centre Rouge on dit qu’elles sont en pénitence à cause de leurs péchés. Mais si elles ont fauté, tout ça… Pourquoi ont-elle le don de la vie ? Et pourquoi ce n’est pas des femmes « méritantes » qui ont ça ? »

Cela faisait beaucoup de réflexion en peu de temps. Mais… En temps cela soulevait beaucoup de questions pour moi… Ce n’était pas facile ! Je laissais mon thé refroidir dans la tasse en sondant de mon regard sanguin l’homme en face de moi. Il le savait que je posais des questions de ce genre-là… Je ne faisais pas exprès : j’avais besoin de savoir ! De comprendre. C’était presque maladif. Et c’était presque, non c’était avec avidité, que je regardais le professeur voulant absolument des réponses.
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par Auteur le Dim 17 Mar - 18:30
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C’était insupportablement difficile de devoir baratiner sur Dieu et ses attentes alors que tous les maux actuels venaient des hommes, et non d’une quelconque divinité. Le monde d’antan avait certes été chaotique, mais il avait été plus ouvert à la différence, à la liberté de parole, et à tant de choses qui n’avaient pas été appréciées à leur juste valeur lorsqu’il en était encore temps. Les premières flambées de questions furent tolérables pour le cœur de Joe, qui se préparait au pire. Mais parler du bien et du mal, ça restait dans ses cordes. Il allait donc commencer par ça.

- Et bien juste parce que Dieu est omniprésent, cela ne veut pas dire qu’il se doit d’intervenir. Nous avons notre libre arbitre, le choix de faire le bien… comme le mal. Je te parlais d’équilibre pour cette raison : l’un ne peut exister sans l’autre. C’est par nos actions que nous limitons le mal qui nous arrive. C’est ce que les Fils de Jacob ont voulu faire : sauver le monde du doute et de la peur. Faire en sorte que nous soyons tous protégés. Nous savons ce qui est bien et ce qui est mal, c’est à nous d’agir en conséquence.

Jusque là, il s’en sortait pas mal. Il ne disait pas des choses trop aberrantes qu’il ne pensait pas. Joe avait conscience du but profond de Gilead, et comprenait que tout cela venait de la peur et d’un sentiment, disons, positif et valable. S’il n’y avait jamais eu de problèmes de naissances, peut-être que tout cela ne serait jamais arrivé. Mais dans des temps incertains, les gens ont tendance à se tourner vers la religion ou la spiritualité. C’est une façon humaine de rêver d’un bras invisible pour nous soutenir et venir nous sauver. Difficile jusque là d’en vouloir aux croyants.

- La réalité est que nous sommes… imparfaits. Et ce dont tu parles … ce sont des actions humaines et non divines.  Les suicides, les morts, les punitions… nous nous efforçons de vivre selon des principes qui nous dépassent, oubliant que nous ne sommes pas infaillibles. Oubliant que nous sommes tous… différents. Une servante peut fauter comme toi et moi. Elle peut ne pas être d’accord avec le rôle qui lui est destiné,  avoir des désirs qui vont contre le bien commun… cela ne les rend pas moins méritantes.

Joe se refusait à prendre des excuses religieuses pour ce qui arrivait à ces femmes. Pour lui, les fausses couches étaient dues au stress constant et au mode de vie qu’on leur infligeait. Et, parfois, à des problèmes médicaux. Mais cela n’avait rien à voir avec Dieu. Cela avait tout à voir avec la stupidité des hommes à vouloir contrôler le cycle de la vie, et pire encore : le corps des femmes. Il ne pouvait s’empêcher de penser à toutes ces familles qui ne méritaient pas d’éduquer des enfants. Ceux qui volaient les nouveaux nés des bras de leur véritable mère sans penser aux conséquences. Ces femmes insipides qui laissaient ces mêmes enfants dans les bras des nourrices, et ne parlaient d’eux que pour briller en société. N’importe quelle femme au Centre Rouge valaient milles de ces sombres hypocrites.

- Le monde a encore besoin de temps pour accepter tous les changements. Dis toi que si tu as du mal à vivre ainsi, d’autres ont encore plus de mal. Tout le monde n’a pas toujours vécu selon les croyances actuelles, et ce n’est pas si simple de changer du jour au lendemain. Et puis... certaines personnes aiment le chaos.

Joe avait prononcé cette dernière phrase sur le ton de l'humour. Même si oui, beaucoup de personnes avaient aimé le chaos. Mais pour lui, ce mot voulait plutôt faire référence à tout ce qu'il aimait dans le monde d'avant. Il ne pensait pas aux choses négatives, mais à tous ces visages qu'il avait connu. Toutes les origines, tous les âges, toutes les sexualités. Des drag queen de Brooklyn aux restaurants de Chinatown, des amphithéâtres bondés aux concerts de rock... Ce chaos là !
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par Auteur le Dim 17 Mar - 18:59
Ne me laisse pas de failles. Je fronçais les sourcils en écoutant Joe. Je savais que nous étions tous obligés d’avoir un rôle tout ça… Mais… Ça n’allait pas. Je visualisai les raisonnements comme des murs. Des murs emplis de fissures que d’un souffle je pouvais briser sans aucune honte. Ou avec… Mais jamais avec méchanceté, juste parce que je voulais comprendre et m’assurer de comprendre ce que je devais. Ors je voulais toujours arriver plus loin. Je continuais de réfléchir et sa première question contenait une faille et de taille part ce qu’on m’avait appris. Je posais simplement la main sur ce mur de brique pour voir s’il tenait.

« Mais… on m’a dit que Dieu faisait aussi les hommes à son image. Donc, si nous on est imparfait, pourquoi dieu ne l’est pas ? Et ensuite, on m’a aussi dit que Dieu donnait un destin à chacun d’entre nous. Donc : c’est lui qui créé lui-même l’imperfection et le chaos puisque nous subissons ce que dieu créé pour nous. Non ? »

Vous avez quatre heures pour réfléchir. Mais c’était vrai ! Je ne comprenais pas vraiment là… Pour moi il y avait quelque chose d’illogique que je voulais comprendre. Du coup : les Fils de Jacob en créant ce monde… Est-ce qu’ils n’allaient pas à l’encontre des dessins de dieu ? Soyons logique à un moment. Dans un monde illogique. Est-ce que le monde de base avait un sens ? J’avais comme un gros doute.

Je l’écoutais avec attention parler des servantes. À nouveau : cela ne me convenait pas. Et les changements. Je m’agitais un peu. Il y avait quelque chose qui n’allait pas dans le rôle des servantes pour qu’autant meurt ou se suicide. Non. C’était sûr, quelque chose était mauvais. Je m’avançais un peu.

« Et si… Je sais que ce n’est pas bien de dire ça mais… Si dieu décide de notre destin, est-ce qu’il peut décider que l’humain a fait son temps et qu’il ne veut plus que l’humain existe ? Et si… si on part du principe que dieu ne décide pas du rôle des hommes, est-ce qu’ils n’iraient pas, si on part du principe que dieu veut la fin du monde, contre la volonté de dieu ? Et inversement, en suivant la volonté de dieu, est-ce qu’ils n’iraient pas dans le sens de la fin du monde ? »

Oui parce que moi, j’avais du mal à voir qu’on réussissait vraiment à sauver le monde. Et les choix… Je fronçais davantage les sourcils en remuant un instant mon esprit. Nouvelle faille.

« Mais si tout le monde n’accepte pas les changements, c’est que le changement n’est pas parfait non ? C’est qu’il ne convient pas à tous ? Et est-ce que ces choix ne sont pas faits pour convenir qu’à certains, une petite majorité, ou une minorité ayant les moyens, de dominer le reste ? »

Les deux mains sur le mur de ses réponses et une petite poussée par les miennes. Nous allions voir si son mur de réflexions aller tenir. Montre moi jusqu’où je pouvais réflechir !
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par Auteur le Dim 17 Mar - 20:09
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Joe ne put s’empêcher de sourire lorsque Grace lui posa la fameuse question qu’on lui posait toujours : si Dieu est parfait, pourquoi sommes nous si imparfaits, réduits à nous excuser éternellement de nos propres faiblesses ? Alors que la réponse était tout simplement sous le nez de tous, car il s’agissait de l’histoire la plus connue : la Genèse.

- Et bien je suppose que tu as aussi entendu parler d’une petite histoire qui concerne le premier homme, la première femme, et un certain fruit. Nous sommes imparfaits à cause du péché originel, car notre nature d’origine a été corrompue… Mais tu as entièrement raison.  Dieu peut décider qu’il ne veut plus que l’humain existe. C’est d’ailleurs l’histoire de l’Arche de Noé. Dieu a vu que le monde était corrompu, plein de violence, et que la chair avait corrompue sa voie sur la terre. Noé fit tout ce que Dieu attendait de lui, et fut par conséquent sauvé avec sa famille lors du grand déluge. Dieu dit alors : J'établis mon alliance avec vous: aucune chair ne sera plus exterminée par les eaux du déluge, et il n'y aura plus de déluge pour détruire la terre...

Oui. C’était plutôt clair à l’air de la petite Grace qu’elle n’était pas satisfaite des histoires qu’elle avait entendu toute sa vie, et comme elle avait raison !

- Mais si tu veux savoir ce que j’en pense… Je pense que ça n’a pas d’importance. Peut-être que Dieu nous a punit pour avoir sombré dans la corruption, et que le monde est mieux ainsi, comme on l’entend chaque jour. Peut-être que tout le monde a raison. Mais si Dieu voulait nous détruire, ce serait déjà fait.  Nous sommes toujours là, mais notre survie demande des sacrifices, et accepter son destin peut-être exactement ça : un sacrifice. Et tu ne devrais pas vivre uniquement pour satisfaire la volonté de Dieu…  

Son cœur s’emballait. C’était le genre de débat qu’il avait eu bien des fois avec ses élèves à l’époque ou on avait encore le droit d’avoir des paroles dissidentes. Là ou il aurait pu dire que la notion de destinée comporte l’indication d’une finalité qu’il n’apprécie pas des masses. C’était toujours risqué de commencer une phrase par ‘Je pense’ et sa femme l’avait mis en garde contre ça. Mais Joe était trop passionné pour se contenir lorsqu’il était lancé. Alors…

- Je pense que la destinée n’est pas une seule chose. Il y a la destinée historique… et la destinée personnelle. Je pense que l’être humain à une dimension transcendante par rapport à l’histoire et que c’est seulement au niveau de cette dimension que la destinée personnelle peut recevoir son contenu véritable. Nous ne devrions pas être perçus uniquement par notre rôle dans la société. Mais cela constitue une part de notre destin, c’est inévitable.

Silence. Grace était bien plus protégée que lui et risquait sûrement moins de choses en disant que le monde était fait pour arranger une petite minorité. Mais est-ce que lui pouvait se permettre de dire ça, sans risquer qu’elle aille tout raconter à son père, ou à d’autres personnes ? Il ne la connaissait pas assez, et l’imaginait assez bien être capable de lancer à quelqu’un : Joe Byrne a dit qu’il était d’accord ! Et il ne voulait pas être vu comme répandant des avis personnels à des jeunes femmes de bonne famille. Alors il se contenta d’une phrase, dite simplement et délicatement :

- Et tu as raison. Le monde n’est pas parfait. Mais c’est le seul que nous avons.

Oh comme il aurait aimé lui faire comprendre tous les plaisirs de la vie qu’elle manquait. S’il avait pu partager ses souvenirs, elle aurait su à quel point elle avait raison. Mais que pouvait il dire pour la rassurer, ou qu’elle comprenne à quel point c’était dangereux de vouloir aller contre le système de pensée imposé ? Le monde avait lutté contre les Fils de Jacob, et le monde avait perdu.

- Qu’est ce qui serait un monde idéal à tes yeux dis-moi… ?

Joe ne pouvait cacher une certaine fascination et une admiration pour Grace. Elle était si jeune, et osait dire ce qu’elle pensait malgré une éducation quasi inexistante. C’était une qualité rare, alors il se devait d’en savoir plus. Comment imaginait-elle son monde parfait, derrière ses yeux si curieux ?
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par Auteur le Dim 17 Mar - 20:59
Let me thinkJ’avais la désagréable impression qu’il se bridait. Il avait peur des conséquences… Tout le monde avait peur c’était normal… Personne n’avait envie de finir pendu au mur. Et je n’avais pas envie qu’il ne finisse non plus. Il répondait à mes questions. Mais son raisonnement… Ne me semblait pas tenir la route. Du moins au début. La genèse… On me l’avait assez raconté pour que je trouve tout un tas de trucs qui n’allait pas. Je retiens un petit soupir quand il me parla de ça. Il valait mieux que ces histoires quand même ! J’en étais sûre. Il valait beaucoup mieux !

« Il n’y a pas besoin du déluge pour détruire l’humanité. »

Non, l’humain était juste assez stupide pour se tuer tout seul. À moins que dieu ne nous ait cré de la sorte. C’était tout à fait possible aussi. Je n’étais pas dieu. Et je crois que cela ne me plairait pas. Je fronçais les sourcils toute surprise. C’était bien la première fois qu’on me disait que je ne devais pas vivre pour satisfaire la volonté de dieu. C’était tout l’inverse qu’on me disait d’habitude. Je passais une main dans mes cheveux.

« C’est bien la première fois qu’on me dit ça. Sauf que la volonté de dieu, ou d’homme interprétant sa parole, est censé guider notre société. Mais je crois que je ne suis pas faite pour être dans cette société. »

J’écarquillais les yeux quand il parla de deux types de destinées. Je sentis mon cœur battre un peu plus fort. C’était intéressant ce qu’il disait ! Vraiment ! C’était ses mots à lui ! Je fis un large sourire en sentant qu’on commençait à sortir des chemins battus. C’était… vrai Je sentis un poids quitter mes épaules pour une fois.

« Une destinée historique ? Vous voulez dire que nous reproduisons encore et encore les même schémas de vies ? Et que l’humain veut toujours reproduire quelque chose qu’il a apprit ? C’est… une sorte… de mémoire interne ? »

Je n’étais pas sûre d’avoir réellement saisie. C’était bien pour cela que je posais encore des questions. Mon monde parfait ? Je souris et fermais les yeux un petit instant. Je rouvris les yeux pour soutenir le regard de Joe.

« Et bien… un monde… où je ne serais pas en décalage, où je pourrais peindre sans qu’on me juge, un monde où je pourrais apprendre toujours plus sans qu’on me dise que je n’ai pas le droit parce que je suis une femme. Un monde… avec un accès illimité à la culture, à l’art, à la discussion, avec de grandes forêts, des maisons en bois… Un monde avec pleins de couleurs, avec pleins de pensées différentes, des discussions et… un monde sans arme… Un monde auquel j’ai pas le droit de penser techniquement… pas vrai ? »

Je soutiens son regard sans inquiétude. Je voulais juste son avis. Je pris enfin ma tasse pour boire une gorgée sans le lâcher des yeux, sans ciller.
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par Auteur le Dim 17 Mar - 22:26
Ah lala. Si elle savait qu’elle prêchait un convaincu. Il n’y avait pas besoin d’un Dieu pour s’auto détruire. Lui même avait évité de tomber dans cette voie, préférant laisser son enfance dans le passé pour prendre sa vie en main. Mais d’autres avaient une technique différente pour gérer la peur et la souffrance : oppresser les plus faibles. Le pouvoir révélait toujours brutalement la véritable nature de l’homme : en bien comme en mal, même si Joe s’était toujours sentit, disons, du milieu. Il était loin d’être un saint, et n’était pas non plus quelqu’un de cruel ou de mauvais. Il était simplement humain.

- Tu as absolument raison : c’est un guide. Tu dois le suivre parce que tu n’as pas le choix et que tu vis dans un monde imparfait, entourée d’autres personnes qui doivent faire de même. Tu peux de te dire que tu n’as pas besoin d’aide pour naviguer, mais pour beaucoup, ce serait être comme un bateau sans gouvernail. Certaines âmes ont besoin d’un guide. Mais ce que tu ressens dans ton cœur et ton esprit peut–être tout autre chose que l’appel de Dieu. Et ça, personne ne peut rien y faire. Tes pensées, ta réflexion, c’est ce qui te rend… toi. Pas Dieu. Pas la société. Ta destinée vient de qui tu es, pas de ce qu’on te demande d’être.

Joe disgressait. La dernière chose qu’il comptait faire était un discours anarchiste. Mais il voulait lui faire comprendre qu’on pouvait suivre les règles et répéter les jolis mots sans qu’ils n’aient plus de sens que ceux qu’on leur donne. Elle se devait d’être la petite poupée de porcelaine pour faire plaisir à ses parents, mais elle n’avait pas à se sentir coupable d’être bien plus que cela. Il suffisait de comprendre comment cacher les parts de soi qui posaient problème. Mais il ne voulait pas lui dire tout ça en utilisant ces mots, au nom de tous les militants qui avaient existé. Devoir cacher qui l’on était un des pires sacrifices que l’on puisse demander à quelqu’un et il était bien placé pour le savoir.

- Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas suivre les règles. Mais il ne faut pas le faire par dévotion ou par crainte, mais pour survivre.  Car même si une règle peut sembler injuste… si aller contre mets ta vie en danger, est ce plus juste de l’enfreindre ? Les servantes sont dans une destinée historique car personne d’autre ne peut accomplir ce rôle. Mais elles ne sont pas définies uniquement par cela, car elles ne l’ont pas choisit. Elles ne font que suivre les règles. Comme toi, et moi.

Sourire. Personne n’était encore venu l’arrêter en lui hurlant dessus, alors tout allait bien. Il n’était pas en train de lui dire de se rebeller, mais simplement de garder son petit jardin secret : son esprit.  Joe n’avait pas utilisé le mot ‘survivre’ à la légère. Suivre les règles était bel et bien une histoire de survie, et non de morale.

- Je pense que tu peux penser à absolument tout ce que tu veux. Mais ne le dis pas autour de toi. Car ce que tu décris correspond beaucoup trop au monde d’antan… celui qu’ils ont voulu effacer.

Il valait mieux qu’il arrête de dire « ils » comme s’il n’en faisait pas partie.  C’était trop risqué. Qui sait, peut-être que le Canada les sauverait tous. Ou peut-être que leur vie allait être ainsi jusqu’à leur mort. Mais il fallait survivre au présent avant d'espérer avoir un futur...
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par Auteur le Lun 18 Mar - 12:35
Pour l’une des premières fois de ma vie je fis ce qu’on attendait de moi : je me tus et écoutais avec une attention que je me connaissais uniquement devant une toile vierge. Et je compris soudain ce que voulait dire Joe. Je compris soudain ce que je devais faire pour qu’on me lâche, qu’on arrête de me surveiller. Je devais tricher et mentir. Faire semblant de comprendre ce que me disaient les Tantes, arrêter de chercher les failles dans leur raisonnement, plier pour pouvoir trouver une liberté dans mon esprit qu’on m’interdisait dans mon habitude de vie. Plier, réussir à faire croire que j’avais compris alors que mon esprit demeurait maître de lui-même. Arrêter de poser les questions aux autres.

« Je comprends. En fait, si dieu n’existe pas, et qu’on l’a inventé, si véritablement il n’existe pas je veux dire, car nous n’avons nulle preuve de son existence ou de sa non-existence, c’est simplement pour se trouver un cadre de vie, pour toujours maintenir un cap… « droit »… Pourquoi est-ce que certains ont besoin de ce cap ? Je veux dire… il ne faut pas être un génie ou même un homme pour savoir que ce n’est pas bien de tuer ou de faire du mal… »

Oui, pour moi c’était particulièrement obscur… Alors que c’était toute la base de la société dans lequel je vivais. Oui, pas la mienne. Parce que la société parfaite dont je rêvais… ce n’était pas elle, ce n’était clairement pas ça ! Je l’écoutais parler des règles et fronçais les sourcils.

« Je sais ce qu’il se passe quand on désobéit aux règles. Mais dans un même temps, est-ce qu’il faut toujours suivre une règle qui nous paraît injuste ? Même pour survivre ? »

Des gens étaient morts pour ces règles. Mais dans le même temps, des gens mouraient à cause de ces règles. Donc est-ce qu’elles étaient vraiment juste et bien ? J’avais comme un doute. Je parlais ensuite de mon monde parfait. Et je fus étonnée de sa réaction.

« Je dois donc modifier mon comportement pour correspondre à celui qu’on me demande d’avoir… Même si je le comprends pas… Dîtes… vous pensez que je ne suis pas née à la bonne époque ? Ou… dans le bon pays ? Je veux dire. Je me sens tellement en décalage avec ce monde, avec ce qu’on me dit de faire… J’ai des questions dans la tête, des milliards de questions, de pensées que parfois je ne voudrais pas avoir… Je m’en tape la tête contre les murs… À chaque fois qu’on me parle de code, de règles… Je trouve les failles et je pose les questions et on ne me répond pas… Tout ce que je trouve pour me calmer c’est la peinture. Mais là encore… Ce que je fais ne va pas… C’est trop sombre, c’est trop triste. Pourquoi est-ce qu’on refuse de me laisser peindre comme je veux tout ce que j’ai dans la tête. Je sais que je n’ai pas trop le droit… Que c’est justement pour me cadrer qu’on me laisse peindre… Mais pourquoi ? Pourquoi quand je regarde autour de moi, je ne comprends pas ? Pourquoi est-ce que je me sens si… inadaptée ? »

Inadaptée. Le mot était lâché. Il faisait mal. Mais c’était parfaitement ce que je ressentais au fond de moi. Que je n’étais pas faite pour être ici.
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par Auteur le Lun 18 Mar - 20:29
Joe regarda quelques instants autour de lui lorsque Grace prononça les mots fatidiques : ‘Si Dieu n’existe pas’. Bon, elle avait parfaitement compris ce qu’il avait voulu dire, mais l’entendre à voix haute, dans ce lieu, c’était autre chose.

- Je pense qu’on a tous besoin de quelqu’un… ou quelque chose pour avoir l’impression que nous ne sommes pas seuls... Dieu est la réponse idéale pour beaucoup. C’est comme un père, un ami, un confident… Je ne peux pas te dire pourquoi les gens fonctionnent comme ils le font… c’est, je pense, du cas par cas. Mais la masse s’est tournée vers le mode de vie que tu as toujours connu, c’est par peur de disparaître. Et les familles fondatrices ont apporté le sentiment de sécurité que beaucoup réclamait…

Se refusant de dire que Gilead avait apporté une solution de sécurité, Joe s’était dit que le mot sentiment était plus approprié. Peu importe si Grace ou lui n’étaient pas d’accord : le monde avait été bercé par des douces promesses alimentées par la peur. Il y avait toujours eu des puritains, des religieux extrémistes prêts à se mêler de la vie des autres pour, soit disant, les sauver. Mais si personne n’avait pu prévoir une telle montée en puissance de ce genre de résonnement, c’était trop tard pour revenir en arrière. Joe aurait aimé être plus positif et sentir cette flamme d’espoir briller dans son cœur. Mais il avait vu tant de morts, tant de vies brisées. Il avait entendu tant de discours homophobes et sexistes de tous les côtés, qu’il lui semblait que le monde avait bel et bien atteint le point de non retour. Toute cette haine n’allait pas disparaître du jour au lendemain, et elle ne faisait que grandir. Les suicides n’étaient qu’un présage que les dernières personnes à vouloir se battre avaient cessées leur combat. Mais Joe était impressionné. Elle avait beaucoup plus de courage que lui si elle pensait déjà à ne pas suivre les règles sous prétexte qu’elles étaient injustes. Lui n’avait pas cette force. Il n’avait pas l’âme d’un guerrier, plutôt celui d’un protecteur. Car il avait conscience de la puissance du système en place, et, comme dans sa relation avec son père lorsqu’il était enfant, Joe avait malheureusement accepté d’être le plus faible. Cela allait même plus loin. Il avait consciemment refusé toute sa vie de se servir de la force ou de l’agression, de peur de ressembler à cette ombre du passé qu’il haïssait. C’était une part de la personnalité de Joe et comment il avait construit sa structure morale. Même si c’était une erreur et qu’il le regrettait, sa lutte à lui avait toujours été intérieure, et sa révolution avait été mentale.  Mais il était  toujours là. Lâche, mais vivant. Alors comment aurait il pu dire à Grace de prendre des risques si lui même n’en était pas capable ? Il était censé l’aider à se sentir plus à l’aise dans le monde, pas l’amener vers une destinée macabre.

- Tu sais que je ne peux pas consciemment te dire d’enfreindre les règles… et même si tu étais née à la mauvaise époque ou dans le mauvais pays, tu dois vivre dans la réalité, pas dans ce qui aurait pu être...

Joe avait l’impression de se parler à lui même lorsqu’il avait à peu près l’âge de Grace. Lui aussi s’était sentit en décalage, avec des pensées qu’il ne voulait pas avoir. Cela lui brisait le cœur de voir ça. Ecoutant les paroles de Grace, Joe revivait la discussion qu’il avait eu avec sa femme, lorsqu’il lui avait proposée de l’épouser pour les protéger tous les deux. Lorsqu’il avait du lui dire la dure réalité des choses : elle n’allait pas s’en sortir sans un homme tolérant à ses côtés. Ce genre de discours qu’une féministe ne voulait pas entendre, car elle ne voulait pas accepter. Mais Joe était sur le point de conseiller la même chose à Grace. Car pour lui, ce n’était pas une façon de lui dire qu’elle ne valait rien sans un homme. C’était au contraire une opportunité pour avoir plus de libertés. Si elle n’était pas heureuse avec sa famille, peut-être le serait elle ailleurs…

- Mon conseil serait de te trouver un mari qui te respecte et qui te laisse être qui tu es. Mais si tu n’as pas l’occasion de choisir… tu te dois de rester prudente. Tu dois respecter le fait que poser trop de questions fait peur aux gens et n’amène rien de bon. Ni pour toi, ni pour eux…

Décidemment, Grace se serait bien entendue avec sa femme. Elle qui répétait sans cesse à Joe qu’il était un homme et qu’il ne pouvait pas comprendre ce que c’était de n’avoir rien à faire de ses journées à part des tâches inutiles ou ménagères. Et c’était vrai. Il aurait voulu pouvoir dire à Grace de se trouver autre chose que la peinture pour s’épanouir sans pour autant lui dire d’arrêter. Mais qu’est ce qu’elle pouvait bien faire d’autre ? C’était déjà une chance d’avoir accès à une forme d’art. Et si elle se retrouvait mariée à un homme traditionnel, elle risquait de ne plus pouvoir peindre très longtemps. Alors, que dire ? Que dire sans briser tout espoir d’une vie meilleure ?

- Ta vie est plus importante que les paroles des autres. Et ton art est personnel, ce n’est pas grave s’il est triste ou morose… ce n’est que l’expression que ce que tu as en toi… il n’y a pas de fausse note, juste des émotions... Quand tu vois le monde dans lequel nous vivons, je n’ai pas besoin de me demander pourquoi tu ne te sens pas à ta place. Tu es une créative, une penseuse. Tu as besoin de vivre pleinement, et le peu d’options qu’on te propose ne te suffit pas…

Joe n’avait pas osé lui demander quelles pensées elle n’était pas censée avoir pour ne pas la mettre dans l’embarras. Et après tout, peu importe, il connaissait ce sentiment, c’était l’histoire de toute sa vie. Mais cette passion qu’elle avait pour la peinture et cette envie de poser plein de questions, de tout comprendre, et de ne pas suivre les règles, c’était bien plus proche de sa femme que de lui, et ça le faisait sourire de voir en Grace un petit écho de celle avec qui il partageait sa vie.

- Tu es comme ma femme. Tu as besoin de… plus.

D’habitude, il évitait de parler de sa femme pour éviter qu’on ne lui pose trop de questions sur leur relation. Mais avec Grace, c’était différent. Il avait enfin l’impression d’être en face de quelqu’un d’humain, avec de l’esprit, et qui n’allait pas enquêter suspicieusement sur vous à la première occasion.
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par Auteur le Lun 18 Mar - 21:02
Je savais bien que je n’étais pas censé dire que Dieu n’existait pas. Mais… Il fallait l’avouer, j’avais l’impression que c’était ça qui ressortais. Que c’était décidé par des humains… Et que dieu, bah… dieu il n’était qu’en jolie invention… Je ne savais pas si ça m’effrayait ou non… J’aimais garder une part de mystère pour toujours pouvoir découvrir encore un peu. Et en même temps… Tout savoir était tellement plus agréable… C’était aussi quelque part rassurant. Enfin… c’était compliqué dans ma tête… un peu… J’aimais poser des questions pour comprendre et en même temps… je voulais toujours garder une part de mystère. C’était… paradoxale ? Mais j’aimais bien. Je fronçais les sourcils.

« Et… si pour certains ce sentiment de sécurité… C’est l’inverse ? Un sentiment de peur. C’est… négatif, non ? »

Pour moi expliquer était tellement… difficile ! C’était véritablement complexe, parce qu’une fois sur deux, je n’arrivais pas à dire clairement ce que j’avais dans la tête et on me demandait toujours d’expliquer… Sauf que parfois… ce n’était pas facile… J’aimerais dessiner toujours pour leur expliquer, mais c’était impossible bien sûr… Je pouvais comprendre bien vite beaucoup de choses, mais certaines autre choses… m’étaient inaccessibles, comme… bloqué par mon esprit. Je ne pouvais pas saisir certaines nuances. Et c’était bien compliqué. Je le fixais quand il reprit la parole.

« Donc, suivre les règles, même si on ne les comprend pas et qu’elles nous font du mal… Juste pour survivre… »

Je poussais un soupir… Je comprenais parfaitement les Servantes qui se suicidaient. Peut-être que c’était quelque chose de plus doux qu’une vie de souffrance non ? Je ne savais plus quoi penser. Ce qui était un sentiment habituel en fait ! J’eus un rire amer et profondément triste et secouais la tête.

« Je ne choisis pas mon mari. On me l’imposera. Je suis une récompense pour un gardien qui a bien fait son travail ou un moyen de faire une alliance. ET pourquoi je dois respecter ça… Si eux ne respecte pas mon besoin de poser des questions ? »

Le respect, c’était des deux côtés ! Enfin… rectification : c’était que lu côté des hommes. C’est vrai que j’étais une femme, me taire… tout ça. J’écarquillais les yeux quand il parla de moi. J’étais… bluffée !

« C’est… c’est exactement ça ! C’est exactement comme ça ! On ne me propose rien de… d’intéressant ! Et du coup tout reste dans ma tête ! Et… »

Et ma voix mourut d’elle-même. Je ne savais plus quoi dire pour expliquer ma situation. J’avais tant besoin de plus ! De plus de conversation comme celle-ci. C’était comme-ci on me nourrissait de bouillie alors que j’avais envie de viande ! C’était… une drôle de métaphore, mais ça allait plutôt bien ! Je me sentis capter par sa femme, je me redressais un peu.

« Votre femme ?! Je… pourrais-je… lui parler un jour ? Échanger un peu ? Rien que dix petites minutes ! S’il vous plaît ! »

Si elle était comme moi… cela serait fascinant !
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par Auteur le Lun 18 Mar - 21:55
Finissant son thé dans cette petite tasse trop féminine pour lui, il se dit qu’il aurait aimé avoir le pouvoir de changer la vie de Grace au mieux. De lui promettre que tout irait bien et qu’elle trouverait quelqu’un capable de la protéger, ou qu’elle pourrait s’en sortir par ses propres moyens.

- Tu as raison, la sécurité des uns implique souvent l’oppression des autres, je le vois aussi, chaque jour. Mais tu as la chance d’avoir cette sécurité, ne la gâche pas… j’ai vu ce que c’était de l’autre côté, et cela n’en vaux pas la peine.

Joe repensait à ces mois stressants ou tout le monde murmurait dans les couloirs, faisait des réunions les uns chez les autres, essayant de trouver le pays le plus sûr pour fuir. Tant d’amis à lui avaient migrés très tôt vers le Canada, d’autres avaient du se séparer, et certains avaient tout simplement disparus. Il y avait eu des tentatives de manifestations, et tant d’arrestations… Bien avant les morts quotidiennes, il y avait déjà ce sentiment de se battre contre un virus impalpable et impossible à éradiquer. L’envie de fuir. L’envie de se cacher. Mais enfreindre les règles ne semblait mener qu’a une seule chose : le regret.

- Je suis désolé d’apprendre que tu ne peux pas choisir ton mari. Tes parents t’en ont déjà parlé ? Est-ce que tu sais quand cela arrivera ?

Il n’allait pas lui dire pourquoi elle devait respecter des gens qui ne la respectaient pas. Il n’avait pas de réponse à ça. Parce qu’elle avait bien raison, encore une fois. Les hommes perdaient de leur humanité en oubliant que les femmes avaient beaucoup à leur apporter. A vouloir affirmer leur masculinité et leur égo, ils se sentaient en danger à la moindre réflexion, comme des petits garçons vexés. Facile de lire dans les pensées de ces hommes qui ont sûrement passé leur vie à se sentir rejetés par les femmes avant de trouver enfin leur solution à leur problème : ne pas leur donner le choix. Mais peut-être que Grace allait avoir de la chance. Ou peut-être que Joe pourrait parler à son père pour enquêter un peu, voir si la famille avait déjà quelqu’un en tête, et essayer de les influencer pour qu’ils choisissent quelqu’un de… tolérablement moderne. Dire à Grace de ne pas hésiter à se faire respecter aurait été une idée dangereuse : si elle tombait sur quelqu’un de violent, ça ne se passerait pas aussi facilement.

Joe fut content de voir qu’il avait visé juste. Grace voulait peindre, sa femme voulait écrire. Toutes les deux étaient animées par cette splendide rage de vivre et ce refus de l’autorité. Ce n’était d’ailleurs pas une très bonne idée que sa femme parle à trop de monde : elle n’avait pas sa langue dans sa poche, et Grace non plus. Ca risquait de faire des étincelles. S’il ne l’avait jamais amenée avec lui lors de ses visites au père de Grace, c’était par peur qu’elle dise quelque chose de trop odieux pour ses oreilles. Il l’aimait à sa façon, et allait tout faire pour que personne ne comprenne qu’elle n’était pas la femme soumise et conciliante que tout le monde s’imaginait. Mais comment dire non à Grace, qui avait besoin de se sentir comprise ? Tout le monde avait besoin de dire : je ne suis pas seul. Et jamais Joe ne priverait quelqu’un de cette expérience.

- Bien sûr, elle sera ravie d’avoir quelqu’un d’autre à qui parler. Mais quoiqu’elle te dise, j’espère que tu sauras le garder pour toi… comme notre échange actuel d’ailleurs. Je n’ai pas envie de devoir expliquer à ton père pourquoi sa chère fille n’en fait qu’à sa tête…

Joe plaisantait, mais il y avait tout de même une inquiétude réelle derrière ses paroles. Si elle se mettait d’un coup à répondre aux hommes sans qu’on lui parle parce qu’elle décidait qu’elle avait le droit, ça allait créer un sacré bordel.
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par Auteur le Lun 18 Mar - 22:45
Je soupirais en hochant la tête. Très bien… Pour l’instant me taire… pour survivre. Mais je ne voulais pas survivre ! Je voulais vivre ! Être heureuse ! Pas déprimer pour un rien… J’avais l’impression de me flétrir doucement… Je ne savais plus quoi faire ou dire pour être heureuse, trouver quelque chose pour me faire « vivre »… Rien. Je ne trouvais rien dans cet endroit. Mais Joe aussi avait l’air tellement… triste quand il parlait de ça… Est-ce que vraiment de l’autre côté c’était mauvais ? Ou c’était juste… autre chose ? Je n’en savais rien… J’en avais marre de me sentir toute seule… Je frissonnai quand il parla de mon mariage. Je préférais secouer doucement la tête.

« On ne me parle de rien. Je suis trop… instable pour tout ça. On me dira quand tout sera fait et que je serais au pied du mur. Que je ne pourrais plus filer. »

C’était comme ça. On m’imposait des choix que moi je ne voulais pas. J’avais l’impression d’être une jument rétive qu’on essayait de faire avancer dans les brancards. Je soupirais un peu à cette idée avant de secouer la tête. Je ne voulais pas penser à ça. Cela m’inquiétait et m’effrayait beaucoup. Il y avait de quoi non ! J’aurais pu finir avec un homme de dix ans de plus que moi, dont je ne savais rien, avec un homme de mon âge… Non, je finirais avec plus vieux, c’est obligé… je ne suis qu’une récompense. Je préférais me pencher sur la question de sa femme. Et il était d’accord ! Je fis un grand sourire heureux et posais un doigt sur ma bouche.

« Je sais garder des secrets. Promis juré ! Je ne dirais rien à personne. »

Même sous la torture. Enfin… Pourquoi on torturerait une fille de commandant ? Je sursautais quand on frappa à la porte. Nany ouvrit doucement et me sourit avant de regarder le professeur.

« Monsieur Byrne ? Il est l’heure de la fin de votre visite, ce n’est pas convenable de rester trop longtemps seul avec une jeune fille. Et monsieur Ward veut vous parler. »

Je soupirais un peu en regardant mon thé. Je ne l’avais presque pas touché. Je levais les yeux vers Joe.

« Vous reviendrez discuter avec moi ? S’il vous plaît ! »
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par Auteur le Lun 18 Mar - 23:18
On frappa à la porte, ce qui déclencha un sursaut collectif. C’était le son fatidique de la réalité, signe qu’il était temps de remettre son masque et se tenir bien droit. Joe acquiesça donc lorsqu’on lui annonça la fin de la visite. Mais il se serait bien passé du commentaire qui y était attaché. Ne pas rester trop longtemps seul avec une jeune fille ? Non mais pour qui on le prenait. De tous les hommes de la ville, il était bien le plus inoffensif. On aurait pu le laisser des années avec les plus belles femmes de la planète sans qu’il n’ait de pensée malsaine ou érotique. Voyons ! Ca le faisait rire au fond. Joe se leva après un demi sourire adressé à Grace, sourire qui voulait dire : allez, moi aussi je m’en vais jouer mon rôle. Elle lui avait juré de rester discrète et de ne pas parler de leur échange réel autour d’elle, et il ne pouvait rien lui demander de plus. Il allait lui faire confiance, remettant dans un sens, sa vie entre ses mains. Il s’en remettait à son instinct, qui lui disait de ne pas s’inquiéter, et que malgré son jeune âge, elle saurait tenir sa langue. L’atmosphère avait changée rapidement dans la pièce, car ils étaient maintenant surveillés et devaient dire ce qu’on attendait d’un échange basique entre tuteur et élève. Se sentent bien trop observé par la ‘Nany’, Joe resta calme et impassible, faussement sage, en répondant à la demande de la chère petite Grace :

- Je reviendrais vous voir avec plaisir, si cela convient à votre père, évidemment.

La ‘Nany’ en question semblait déjà s’impatienter et semblait vouloir retourner vite fait à ses occupations. Alors Joe fit un petit clin d’œil discret à Grace lorsque personne ne regardait, avant de s’avancer doucement vers la porte de sortie du salon. Se retournant une dernière fois, il fit ses Adieu à Grace, espérant qu’il allait avoir l’occasion de la revoir avant que sa vie ne change du tout au tout.

- Je vous souhaite une très belle après-midi, Mademoiselle Ward. Que le Seigneur vous guide et vous libère du doute.

Petite référence ironique et discrète à la discussion qu’ils venaient d’avoir. Mais personne d’autre n’allait comprendre qu’en disant ça, il lui disait de faire l’inverse. Alors comment résister ? Joe posa ensuite son regard sur Nany qui ne tarda pas à partir, lui faisant signe de la suivre. Après un tel échange, il n’avait pas hâte de devoir parler à Monsieur Ward. Cela promettait d’être… le jour et la nuit, et il allait falloir le convaincre de laisser Grace rencontrer sa femme. Ce qui voulait dire qu’il allait devoir la rencontrer avant. Ce qui voulait dire que Joe et sa femme allaient devoir passer de longues heures à travailler sur leur histoire pour se préparer a être vu ensemble sans avoir d’excuse pour se cacher. Mais s'ils pouvaient faire un peu de bien dans ce monde à la con, ça en valait carrément la peine.
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par Auteur le Mar 19 Mar - 8:25
RP finis La métaphysique des mœurs ┼ Grace 432096020 Merci Joe La métaphysique des mœurs ┼ Grace 2333590809
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