Ce jour-là, Jane était un peu perdue. Le matin, elles s’étaient levées pour prendre leur petit déjeuner. Elles étaient descendues dans le calme sans que rien de particulier ne se passe. Des apprenties s’étaient lancées des petits regards de salut en reconnaissant certaines camarades et ensuite, elles avaient mangé leur repas sans faire le moindre esclandre. Celui-ci était composé de pain avec un peu de confiture, d’une pomme et d’un yaourt, très classique.
Vraiment, au départ, rien n’annonçait que la journée serait spéciale cependant, rien ne se passa comme prévu. A la fin du petit déjeuner, tandis que Jane terminait de manger son yaourt, il y eut plusieurs cris, des bruits de personnes en train de courir. Les Tantes se jetèrent des regards d’incompréhension tandis qu’immédiatement, les apprenties se mirent à chuchoter et à essayer de voir ce qui se passait dans les couloirs.
Les Tantes reprirent rapidement leur rôle et les interpella :
- Mesdemoiselles, mesdemoiselles, calmez-vous. Rasseyez-vous et restez dans le calme, comme des petites souris.
On entendit à nouveau des bruits, des cris et mêmes des coups de feu. Les servantes, Jane y comprit, ne purent retenir un petit cri d’horreur et elles se levèrent toutes, prise par la panique. Les Tantes s’agitèrent, regardant autour d’elle, cherchant à voir si les renforts étaient en route. Rien n’arriva et elles durent donc gérer la situation seule. Elles tentèrent tout d’abord d’interpeller à nouveau les apprenties mais le bruit et les cris de panique ne permirent pas de faire entendre leur voix.
L’une d’elle sortit son sifflet et souffla fortement dans celui-ci. Le calme revint brusquement et elles purent donc parler malgré le tumulte extérieur :
- Mesdemoiselles, calmez-vous. Brigit, Emma, fermez toutes les portes, dans le calme. Quoi qu’il se passe, ne vous en inquiétez pas, vous êtes en sécurité. Retournez à vos places et terminez votre repas.
Les deux apprenties interpellées allèrent fermer les portes et chacune alla se rasseoir mais les plateaux ne se vidèrent pas, elles étaient bien trop stressées pour cela. Le repas se termina dans un silence de mort et les regards vers les portes.
Après quelques minutes, les Tantes rouvrirent les portes et discutèrent pendant de longues minutes avec un gardien avant de s’adresser aux jeunes femmes :
- Mesdemoiselles, l’une d’entre vous à eu un épisode hystérique. Nous sommes tous chagrinés pour elle. Nous nous sommes occupés du problème et elle sera sous nos bons soins jusqu’à ce qu’elle… comprenne son erreur. Des Tantes, valeureuses personnes ayant consacré leur vie à s’occuper de vous, ont été blessées.
Un murmure passa dans la pièce. Jane crut entendre que certaines voyaient cela comme un bienfait mais elle ne put identifier personne.
- Silence ! Vous allez retourner à vos dortoirs. Il n’y aura pas d’activité aujourd’hui. Des Gardiens sont en route afin de remplacer temporairement les Tantes et d’éviter la panique.
Jane se rendit donc jusqu’au dortoir comme ordonné. Là, elle se retrouva à l’écart tendis que de nombreuses apprenties discutaient et faisaient des théories sur ce qui venait de se passer. Elle regardait par la fenêtre et vit arriver plusieurs Gardiens, bien trop nombreux pour juste remplacer les Tantes.
Quelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit et plusieurs Gardiens entrèrent.
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par Auteur le Dim 24 Fév - 10:08
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par Auteur le Lun 4 Mar - 11:51
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Gardien Joyner et Jane
Les Gardiens entrèrent dans la pièce. Cela avait quelque chose d’un peu gênant. Tous ces hommes qui entraient dans une pièce dans laquelle elles dormaient toutes. Jane n’avait plus l’habitude d’être en contact avec des hommes, elle n’en avait approché aucun à moins de quelques mètres depuis son arrivée à Aberdeen. Elle avait encore moins l’habitude de voir des hommes dans sa chambre. Ils se dispersèrent, uniquement dédiés à la surveillance et n’interrompirent pas les discussions ou activités en cours.
Certaines apprenties ne purent se retenir de les observer en leur jetant des regards en coin et chuchotant entre elles à leur sujet. Jane secoua la tête d’un air triste. Elles n’avaient toujours pas compris mais Jane ne les dénoncerait pas, elle se contenterait d’aborder le sujet des relations entre les sexes dans un groupe de prière. C’était la raison pour laquelle le Centre rouge était un apprentissage : pour leur permettre de faire des erreurs.
L’un d’eux s’approcha de Jane peu après avoir pris son poste. Immédiatement, elle baissa les yeux, essayant de ne pas le regarder. Elle venait d’émettre un jugement, pas question qu’elle fasse ma même erreur que d’autres apprenties. C’est donc ses pieds qu’elle vit devant elle quand il la salua. Elle ne pouvait plus éviter la confrontation. C’était un homme et elle était tenue de lui répondre.
- Que le seigneur ouvre.
Il s’interrogeait sur ce qui venait de se passer. Jane en était surprise, elle pensait que les Gardiens savaient toujours tout sur toutes les situations et tout le monde. Concrètement, elle avait du mal à faire la différence entre eux et l’œil à ce stade de sa formation. Elle voyait les Gardiens comme les garants de la stabilité du système par le respect de ses règles. En conséquence, elle leur devait respect et déférence. Il était donc de son devoir de livrer les informations demandées.
- Il semble qu’une apprentie ait eu un problème. Les Tantes parlent d’hystérie, elle a dû avoir un comportement contraire aux règles, certaines ont du mal à s’adapter et craquent… surtout au début.
Jane essayait de peser ses mots. Même si c’était la réalité des choses, il était important pour le moral et la docilité des apprenties que ce genre d’activité reste discrète. En effet, la rébellion entraînait la rébellion.
- Apparemment, des Tantes ont été blessées. J’espère que ce n’est pas trop grave et qu’elles seront rapidement en pleine santé. On nous a dit que les Gardiens allaient venir les remplacer temporairement. Je suppose que c’est la raison pour laquelle vous êtes ici.
Elle baissa ensuite la tête, espérant que ces informations lui conviendraient. Elle garda pour elle l’idée de risque de rébellion, elle ne voulait laisser une mauvaise impression en abordant un sujet interdit : officiellement, les rébellions n’existaient pas.
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par Auteur le Jeu 7 Mar - 15:00
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par Auteur le Lun 11 Mar - 21:33
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Gardien Joyner et Jane
Le gardien prêta attention à ce qu'elle disait et lui posa même de nouvelles questions. Cela lui sembla étrange tant elle avait l’habitude qu'on lui dise de parler de la façon la plus concise possible et, surtout, on l’écoutait à peine. Bien entendu, cela ne l’a dérangeait pas. C’était même normal, on leur apprenait que les femmes n'avaient rien d’intéressants à dire. Ce comportement changeait donc de la norme mais elle ne le remit pas en question. Après tout, c’était un homme et il était donc forcément dans son bon droit. Il lui paraissait aussi assez légitime pour un gardien de tenter de connaître la source du problème. Il la connaissait très probablement mais cherchait une autre version afin de compléter la sienne ou de voir comment l’événement passait chez les apprenties. Les tantes faisaient souvent cela.
Elle hocha la tête quand il répéta « hystérie ». Concrètement, cela signifiait qu'une des filles avaient eu un comportement inacceptable et n'avait pas respecté les règles. Cela en soi, arrivait régulièrement et n'avait pas forcément beaucoup plus de conséquences que des prières supplémentaires, ce qui ne gênait nullement Jane, ou des privations de repas. Hystérie voulait dire que la fille avait refusé la punition et, dans ce cas, avait commencé à devenir violente.
Elle hocha la tête quand il déclara s’enquérir de l’état des Tantes. C’était très prévenant de sa part et elle n’était probablement pas la seule à s’inquiéter pour leurs protectrices.
- Merci, c'est fort aimable de votre part.
Jane réfléchit un peu à la question. Pouvait-elle considérer qu'elle était ici depuis longtemps ? Cela lui semblait assez difficile à dire tant ils avaient peu d’informations. On ne leur cachait pas la date mais les journées se ressemblant à toutes et comme elle n'avait jamais rien à décider ou à organiser, elle avait perdu assez rapidement le compte des jours après son arrivée.
- Eh bien… je suis arrivée il y a quelques mois. Les Tantes me disent que je serai bientôt prête pour passer à l’étage suivant.
Elle bafouilla un peu et baissa la tête encore plus bas : - Je m'excuse, j'ai commis le péché de l’orgueil. Je fais de mon mieux depuis mon arrivée mais il m'arrive encore de commettre des erreurs. Mais je suis arrivée volontairement alors que la plupart des apprenties ne se souviennent pas de leur précédente vie et le Centre Rouge leur donne une chance de se repentir d'une ancienne vie de péché.
Jane était très fière en disant cela. C’était encore une mauvaise pensée mais celle-la, elle n’arrivait pas à s'en détacher. C’était la plus grande décision de sa vie et, même si quelques événements avaient remis en doute parfois l’éducation qui leur était donnée, elle était toujours certaine d’avoir pris la bonne décision.
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par Auteur le Jeu 21 Mar - 13:04
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par Auteur le Sam 23 Mar - 21:59
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Gardien Joyner et Jane
Le Gardien sembla étonné lorsqu’elle dit qu’elle était arrivée volontairement. Elle avait l’habitude de cette réaction de la part de certaines des novices du centre qui avaient perdu la mémoire et s’étaient retrouvées ici sans rien comprendre. Cet endroit étant un cauchemar pour elle dans les premiers instants, elles avaient de grandes difficultés à se plier et à accepter la discipline de fer. Forcément, quand Jane annonçait qu’elle était là de son plein gré alors que les autres portaient encore les traces des punitions dues à leur dernière rébellion, cela passait mal. Par contre, de la part des gens de l’extérieur : des médecins ou des Tantes essentiellement, elle n’avait jamais vu ce type de comportement.
Elle baissa un peu les yeux quand il éleva la voix : cela l’avait impressionnée. On lui avait appris à ne jamais mécontenter les hommes et elle avait peur d’avoir failli à cette tâche. Il se reprit cependant plus doucement. Les autres les avaient-ils vu parler ? De toute façon, c’était désormais trop tard pour y penser et tenter d’être particulièrement prudente. De plus, il était forcément dans son bon droit s’il agissait de la sorte. Tous les hommes étaient des protecteurs de la vertu et de la chasteté, les Gardiens d’autant plus.
- Je vous remercie. Je l’espère, j’ai eu une mauvaise vie avant et j’espère qu’Il me pardonnera grâce à ma tentative de rédemption.
Elle repensa à la servante qui avait perdu sa langue et se mit à frissonner. Quel serait le prix à payer pour cette rédemption ? Étrangement, repenser à cette langue coupée lui délia la sienne, comme par réflexe pour se rassurer qu’elle ne fût pas touchée par cette punition et qu’elle était toujours entière.
- Je viens d’un endroit qui n’est pas du tout comme Aberdeen, le dernier endroit au monde de ce genre. La vie y était très différente et le péché omniprésent.
Elle ne nomma pas le Canada ni la ville dont elle était originaire. Il était interdit de parler de leur ancienne et d’évoquer cet endroit. Jane n’étant pas très éduquée et ne maîtrisant pas très la langue, elle ne se rendait bien entendu pas compte qu’en parler sans le nommer devait être tout autant interdit.
- Je…
Elle hésita un peu. Les Tantes n’étaient pas très ouvertes à ce genre de discussion et punissaient rapidement les filles qui avaient ce genre de discours. Elle n’avait pu en parler qu’à Aurora mais elle avait d’un autre avis, d’une personne un peu plus âgée, avec plus d’expérience. Ne connaissant que l’extérieur d’Aberdeen et sa vision idéalisée, elle ignorait qu’il était tout aussi dangereux de parler ainsi à un Gardien…
- Parfois, c’est difficile, je me pose des questions. Je ne doute pas de l’importance de ma mission mais la violence me fait peur. Je crains de ne pas satisfaire les Tantes, de faire des erreurs et d’être punie d’une façon… définitive.
Elle avait les yeux baissés, se tordaient les mains tant elle était en difficulté dans cet aveu de ce qui la tourmentait. Elle avait des doutes et cherchait par tous les moyens à les faire taire par une voix rassurante et, surtout, représentante du juste savoir.
HRP:
Depuis un épisode avec Aurora, Jane a des doutes sur le Centre Rouge et Aberdeen, alors n’hésite pas à tenter quelque chose de ce côté, ça peut être l’occasion. (Sinon tu peux la dénoncer aussi :p)
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par Auteur le Mar 26 Mar - 10:22
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Centre bien gardé ft. Gardien Joyner
par Auteur le Mar 26 Mar - 19:50
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Gardien Joyner et Jane
CLe gardien tenta de la rassurer en disant que Dieu la pardonnerait. Même si c'était que des mots, il était bon d'entendre d’autres personnes qu'elle se le dire. Elle s’était persuadée que c’était là son moyen de rédemption mais, finalement, qu’elle preuve avait-elle que cela fonctionnerait ? Qui était-elle pour décider de qui Dieu devait pardonner et dans quelles conditions ? Souvent, elle doutait que cela suffise mais qu'un homme la conforté dans cette position était très agréable.
Elle était si réjouie de ce commentaire qu'elle ne nota pas toutes les émotions qui traversèrent le Gardien quand il entendit parler de son pays de naissance, le Canada, dernière nation libre du monde où les libertés n’étaient pas bafouées chaque jour comme à Aberdeen.
Elle fut bien embêtée par sa réponse. Ne pas faire d’erreurs lui semblait impossible. Chaque jour, au centre rouge, elles faisaient toutes de erreurs de part leur ignorance. De plus, les humains n’étaient-ils pas des créatures de péchés qui faisaient de nombreuses erreurs à chaque instant ? Comment pourrait-elle réussir ce que tant d'autres avant elle avaient échoués ? Elle devait y arriver pourtant, elle devait parvenir à ne pas faire d'erreurs. Elle ne volait pas finir sa incapable de parler et de s'alimenter par elle-même comme Abigael.
Il lui dit ensuite de ne pas se poser trop de questions. Elle avait appris cela, à la mort de sa fille, elle avait été terrassée par les questions et avait décidé qu'Aberdeen serait la réponse. À partir de là, elle avait cessé de s'interroger et, maintenant que son esprit se réveillait par la peur, elle devait le faire taire et se contrôler.
Elle rougit un peu en se rendant compte que c’était en quelque sorte le conseil qu'elle avait donné à Aurora. Cependant, elle avait poussé Aurora à trouver des réponses en Dieu. Jane était maintenant consciente que ces réponses qu'elle lui proposait de trouver étaient en réalité une confiance dans le système absolue. Autant dire, ne pas se poser de questions. Était-elle vraiment prête à vivre de 'a sorte ? N’était-elle pas capable de suivre ses propres conseils ? Était-elle si faible pour se briser face à la première adversité ?
Elle rougit d'autant plus quand le Gardien jeta un œil vers ses collègues. Elle avait été fort impolie de le retenir et il devait être ennuyé de ses inquiétudes. De son côté, elle ne se sentait pas mieux. Elle se sentait tiraillée entre deux perspectives : la première était la certitude que cet état était nécessaire pour sa rédemption et la seconde était la peur qui ne la quittait plus depuis qu'elle avait vu Abigael revenir de sa punition sans sa langue.
- Je suis vraiment désolée de vous avoir retenu. Tout cela doit terriblement vous ennuyer. Ce ne sont que des problèmes de femme un peu perdue, je suis si stupide et ce n'est pas de votre faute si je ne comprends pas bien tout ce que les Tantes m'apportent. Vous devez avoir des choses bien plus importantes à faire. Je vous prie de me excuser pour tout ce que j'ai dit.
Au fond d'elle, elle se dit qu'il avait quand même été patient et gentil avec elle et se demanda si elle le reverrait au Centre ou une fois devenue une véritable servante. Connaîtrait-elle un jour son nom ?